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01 - L’Arrivée de Diben à La Martais

Chapitre 1

L’Arrivée de Diben à La Martais


Diben était un korrigan pas comme les autres. Là où ses semblables préféraient rester cachés dans les sous-bois de Brocéliande, lui rêvait d’aventure, de découvertes et de paysages inconnus. Depuis des années, il écoutait les récits des anciens korrigans qui parlaient de terres lointaines, de forêts millénaires et de vallées secrètes où l’on pouvait entendre le chant des pierres et le murmure des arbres. Un jour, il prit une décision qui allait changer sa vie : il quitterait Brocéliande pour explorer le monde.


Son voyage dura plusieurs lunes. Il traversa des rivières scintillantes, des prairies où dansaient les lucioles et des chemins bordés de haies où résonnaient les chants des oiseaux. Plus il avançait, plus il sentait un parfum sucré dans l’air, un mélange de pommes mûres et de terre humide. Ce parfum le guidait, comme une promesse de douceur et de mystère.


C’est ainsi qu’il arriva à La Martais, un petit hameau niché entre bocages et vergers. À peine eut-il posé le pied sur cette terre qu’il sentit quelque chose d’étrange, comme un frisson parcourir le sol sous ses pieds. Ici, la magie semblait encore présente, discrète, mais bien réelle. Il observa les maisons de granite, certaines vieilles de plusieurs siècles, et les chemins serpentant entre les pommiers aux troncs noueux.



Fatigué, il s’approcha d’un vieux pommier isolé, au tronc large et aux branches imposantes. Ce n’était pas un arbre ordinaire. Il semblait l’appeler, comme s’il savait déjà qu’un nouveau gardien venait d’arriver. Diben posa sa main sur l’écorce rugueuse. Un souffle chaud parcourut ses doigts, un signe que cet arbre était vivant d’une manière bien plus profonde que les autres.


Un frisson remonta le long de son dos. Était-ce la fatigue ou un effet de la magie du lieu ? Il avait l’étrange impression que le vent le portait, que ses pieds ne touchaient plus tout à fait le sol. Il s’ébroua et secoua la tête, reprenant conscience de son corps. Ce n’était pas la première fois qu’il ressentait cela…


La nuit tombait doucement sur La Martais, enveloppant le paysage d’une lumière dorée. Diben s’installa au pied du pommier, observant le ciel où les premières étoiles s’allumaient une à une. Il sentit que cet endroit pouvait être son nouveau foyer. Ici, loin de l’agitation de Brocéliande, il pourrait vivre paisiblement, observer les humains de loin et protéger discrètement ces lieux chargés d’histoire.


Mais alors qu’il s’apprêtait à s’endormir, un léger bruit attira son attention. Une chouette venait de se poser sur une branche au-dessus de lui. Elle le fixa de ses grands yeux dorés et poussa un hululement profond.



— Tu es arrivé, murmura-t-elle dans le langage ancien des créatures de la nuit.


Diben ne fut pas surpris. Il savait que certains animaux, surtout les plus vieux, comprenaient la langue des korrigans.


— Oui, répondit-il. J’ai suivi le vent et les pommes mûres jusqu’ici.


— Alors tu es au bon endroit, dit la chouette. Mais sache que cette terre a une mémoire. Ceux qui l’écoutent peuvent entendre les histoires du passé.


Intrigué, Diben se redressa. Il posa sa main sur le sol et ferma les yeux. Pendant quelques instants, tout resta silencieux. Puis, il sentit une vibration sous ses doigts, un murmure lointain, comme un chuchotement porté par le vent. Il vit alors des images défiler dans son esprit : des paysans du XVIIe siècle bâtissant les premières maisons de La Martais, un prêtre gravant son nom au-dessus d’une porte en pierre, des rires d’enfants courant entre les pommiers et, plus récemment, des visiteurs émerveillés par la beauté paisible du lieu.


Diben rouvrit les yeux, le cœur battant. Ce n’était pas un simple endroit, c’était une terre chargée de souvenirs, un endroit qui méritait d’être protégé.


Il observa la chouette qui le regardait toujours, impassible.


— Alors, que comptes-tu faire ? demanda-t-elle.


Diben esquissa un sourire.


— Je vais rester. Je vais veiller sur ce lieu et sur ses habitants, sans jamais me montrer, mais en laissant des signes pour ceux qui savent voir.


La chouette hocha la tête, puis s’envola silencieusement dans la nuit.


Diben se recroquevilla sous le pommier, un sourire aux lèvres. Il venait de trouver son nouveau foyer, un lieu où la magie et l’histoire se mêlaient, un lieu où il pourrait, discrètement, faire rêver ceux qui prenaient le temps d’écouter le murmure du vent et des feuilles.


Ainsi commença la nouvelle vie de Diben à La Martais, le korrigan invisible, gardien secret des lieux et témoin des histoires oubliées.

01 - L’Arrivée de Diben à La Martais
Diben 2 mars 2025
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