Cela faisait plusieurs jours que la pluie tombait doucement sur La Martais, dessinant un paysage calme et gris, où chaque brin d'herbe semblait chuchoter des secrets sous les gouttes. Les habitants du hameau restaient au chaud, laissant les sentiers vides et silencieux.
Un matin, alors que la pluie venait juste de s'arrêter, un rayon de soleil timide perça les nuages. Arthur, un jeune garçon curieux et plein d'énergie, enfila rapidement ses bottes et son ciré jaune, impatient d'aller explorer le bois après ces journées passées à l'intérieur.
Arthur parcourut les sentiers boueux avec excitation, sautant dans les flaques et respirant l'air frais. Son exploration l'amena bientôt devant un endroit qu'il connaissait pourtant bien, mais qui avait étrangement changé. Au milieu d'une clairière, se trouvait une pierre qu'il n'avait jamais remarquée auparavant.
Intrigué, il s'approcha. La pierre était grande, arrondie, légèrement orangée et couverte de mousse. En la touchant, Arthur eut l'impression que la pierre dégageait une chaleur réconfortante. Étonné, il s'assit tout contre elle pour réfléchir, se demandant comment il avait pu passer tant de fois sans jamais la remarquer.
Alors qu'il était perdu dans ses pensées, un bruit étrange le fit sursauter. De l'autre côté de la clairière, un petit renard était apparu. Il semblait blessé et marchait difficilement. Arthur sentit son cœur se serrer. Sans réfléchir, il voulut courir pour l'aider, mais il comprit vite que ses gestes brusques effrayaient l'animal.
Il se rappela alors ce que son grand-père lui répétait souvent : « Pour apprivoiser, il faut savoir être patient et doux. » Arthur inspira lentement, s'assit à nouveau et murmura des paroles réconfortantes. Peu à peu, le renard s'approcha timidement.
La pierre, derrière lui, sembla soudainement vibrer doucement. Arthur eut à peine le temps de se demander ce qui se passait que le renard venait déjà frotter sa tête contre sa main. Avec délicatesse, il examina l'animal et retira une petite épine plantée dans sa patte.
Le renard poussa un léger cri de soulagement, tourna quelques instants autour du garçon, puis disparut entre les arbres.
Arthur, fier d'avoir réussi à aider l'animal, caressa doucement la pierre comme pour la remercier de lui avoir donné courage et patience.
Lorsqu'il rentra chez lui, il ne vit pas la pierre frémir doucement, ni les éclats orangés disparaître lentement sous la mousse. Car bien sûr, ce n'était pas une simple pierre.
C'était Diben, transformé depuis quelques jours, profitant du calme de la pluie. Aujourd'hui, il avait assisté à une belle leçon de patience et de douceur, des vertus qu'il connaissait bien, mais qu'il aimait toujours voir partagées.
Car même immobile et silencieux, un korrigan veille toujours, prêt à offrir un petit coup de pouce aux âmes courageuses et généreuses.
06 - Diben et la pierre qui veille