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Ville de Saint Suillac

entre légendes, histoire et paysages maritimes

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Temps de route

55 min

Distance

 73.8 km

Niché sur la rive droite de la Rance, Saint-Suliac est l’un des plus beaux villages de France, un véritable bijou breton où se mêlent pierres chargées d’histoire, mythes ancestraux et douceur de vivre. Ce village marin, qui semble figé dans le temps, vous invite à découvrir son riche patrimoine, ses ruelles pittoresques, ses légendes étonnantes et ses points de vue imprenables sur l’estuaire de la Rance.

Le menhir de Chablé ou la Dent de Gargantua

Sur les hauteurs de Saint-Suliac, dressée sur un terrain privé au lieu-dit Chablé, se trouve une pierre impressionnante de quartz blanc haute de cinq mètres : le menhir de Chablé, aussi appelé Dent de Gargantua. Il s’agit de l’un des rares vestiges préhistoriques encore visibles dans la commune.

Ce mégalithe n’est pas seul à témoigner du passé ancien du territoire. On mentionne aussi d’autres structures disparues comme le gravier de Gargantua, un autre menhir brisé, ainsi que trois dolmens : la Pierre Couvretière, celui du Mont Garrot, et celui de l’anse du Vigneux, surnommé également le Lit ou Berceau de Gargantua, détruit en 1850.

La légende de Gargantua à Saint-Suliac

Comme souvent en Bretagne, ces pierres monumentales s’entourent de récits fantastiques. À Saint-Suliac, le géant Gargantua, bien connu de la tradition populaire, aurait trouvé la mort ici-même, frappé par une malédiction. Né près de Saint-Malo, il aurait tenté un acte odieux : dévorer son propre fils, tel le titan Cronos dans la mythologie grecque.

Des témoins révoltés intervinrent à temps et substituèrent un rocher à l’enfant. En refermant sa mâchoire sur la pierre, le géant perdit une dent, désormais fichée dans le sol sous le nom de Dent de Gargantua. Mais dans sa rage aveugle, il frappa accidentellement son fils d’un coup de poing fatal. Rongé par le remords, harcelé par les habitants, il dépérit et mourut un an plus tard. On l’enterra sur ce qui devint le mont Garrot, formé, selon la légende, par l’effondrement d’une falaise dont les terres recouvrirent le corps du géant plié en sept. Son fils, quant à lui, fut inhumé à l’endroit du drame, sous la célèbre dent de pierre.

Le camp viking de l’anse du Vigneux

À marée basse, dans l’anse du Vigneux, les promeneurs attentifs pourront apercevoir les fondations de ce que l’on appelle le camp viking. Ce site énigmatique, découvert sur le domaine public maritime, est considéré comme un ancien camp fortifié établi par les Normands, peut-être sur les restes d’un ancien castrum romain.

Occupé entre 900 et 950, ce camp devait être constitué d’un promontoire de terre fortifié de bois, protégé par un assemblage de pierres, avec un accès possible pour les drakkars. La proximité immédiate de la mer ou d’une rivière était essentielle pour ces marins redoutés, qui, malgré leur adoption du cheval, restaient profondément attachés au littoral.

On retrouve des traces de leur présence ailleurs en Bretagne, notamment dans les régions de Dol et Saint-Brieuc, où des communautés danoises s’implantèrent temporairement. Ces incursions furent facilitées par le départ précipité des élites religieuses et laïques, laissant les campagnes démunies face aux envahisseurs.

L’oratoire de la Vierge de Grainfolet

Surplombant le village et le port, l’oratoire de la Vierge de Grainfolet est un lieu de mémoire émouvant, érigé en hommage aux Terre-Neuvas, ces marins courageux qui partaient pêcher la morue sur les bancs de Terre-Neuve.

En 1874, une campagne de pêche particulièrement périlleuse fit naître un vœu collectif : si tous les marins revenaient sains et saufs, un sanctuaire serait construit en remerciement. Il fallut attendre vingt ans, mais en 1894, tous les pêcheurs rentrèrent vivants. Le sanctuaire fut alors édifié à l’endroit même où leurs femmes veillaient autrefois l’horizon, dans l’espoir d’apercevoir les voiles des navires.

Une promenade en famille avec les Carnets Aventures

Saint-Suliac propose aussi une manière ludique de découvrir son patrimoine : les Carnets Aventures, un petit livret conçu pour les enfants et leurs familles. En compagnie de Tom et Lola, les jeunes visiteurs peuvent explorer les rues et monuments du village tout en s’amusant.

Le carnet est disponible au Bureau d’Information Touristique, situé place du Carrouge, dans l’annexe de la mairie. En été, le bureau est ouvert tous les jours, avec une équipe souriante – Marine, Philomène et Maëlane – prête à vous accueillir et vous guider dans votre visite.

Une histoire millénaire

Saint-Suliac est une commune ancienne, autrefois formée autour d’une presqu’île cernée par les eaux de la Rance, notamment par un bras appelé le Bras de Châteauneuf. Jusqu’en 1850, son territoire comprenait également celui de la Ville-es-Nonais, aujourd’hui commune voisine.

Son relief est remarquable : le village en amphithéâtre est encadré par la pointe de Grainfolet au nord et celle du Mont Garrot au sud. Depuis ce dernier, la vue s’étend sur la Rance et ses merveilles naturelles. Ce même mont recèle d’ailleurs les traces d’anciens peuplements et du fameux camp viking mentionné précédemment.

Le village est également lié à la figure du moine gallois Saint-Suliac, venu s’installer au VIe siècle. Il aurait fondé un monastère, ancêtre du bourg actuel, et serait mort ici en l’an 606, à l’âge de 76 ans. La tradition veut que sa dépouille repose au bas de la nef de l’église.

L’église et les ruelles du bourg

Le monastère d’origine a disparu, mais une église fut rebâtie au XIIe siècle, avant d’être confiée à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur qui y établit un prieuré. L’église subit de nombreux dommages au fil des siècles, notamment lors des affrontements entre Bretons et Normands, puis durant les guerres de la Ligue.

En 1597, les troupes d’Henri IV attaquèrent Saint-Suliac, où s’étaient retranchés 250 partisans du duc de Mercoeur. La flèche et la tourelle de l’église furent détruites, et le bourg assiégé. Les maisons actuelles du village datent majoritairement du XVIIe siècle, reconstruites autour de l’église après les conflits.

Le bourg a peu changé depuis le cadastre de 1809. Une rue principale descend vers le port, bordée de ruettes étroites, charmantes et fleuries, aux murs de pierres qui cachent les jardins. Ce réseau de venelles contribue fortement à l’identité unique de Saint-Suliac.

Une économie traditionnelle et marine

Jusqu’au XIXe siècle, Saint-Suliac vivait principalement de la mer. Le recensement de 1851 montre une majorité de marins, certains embarquant pour la grande pêche. On y trouvait également quelques paludiers et tisserands. L’activité textile, autrefois florissante, était alors en déclin, tout comme la production de sel, qui se poursuivit jusqu’en 1880.

Selon Elvire de Cerny, autrice d’un ouvrage de référence sur le village, la terre était souvent cultivée par les femmes, pendant que les hommes étaient en mer. La plupart des ménages possédaient une maison, un jardin, et quelques journaux de terre. Ce mode de vie simple mais équilibré a perduré jusqu’au milieu du XXe siècle.

Saint-Suliac aujourd’hui

Contrairement à d’autres villages côtiers, Saint-Suliac a conservé longtemps son caractère maritime. Ce n’est que récemment qu’il s’est ouvert au tourisme. Aujourd’hui, les plaisirs de la navigation à voile, de la pêche à pied, des balades sur les sentiers ou de l’observation des oiseaux ont remplacé les activités traditionnelles.

Des régates y sont encore organisées, et les visiteurs affluent pour profiter du calme, de la beauté naturelle et de l’atmosphère intemporelle de ce village classé. Il est l’un des rares lieux où légendes, histoire, patrimoine et nature s’entrelacent avec autant d’harmonie.

Conclusion :

Saint-Suliac n’est pas qu’un joli décor breton : c’est un village vivant, riche de ses histoires, de ses légendes et de ses habitants. Que vous soyez passionné d’histoire, amateur de promenades bucoliques ou simple curieux en quête d’authenticité, ce petit coin de Rance saura vous séduire.


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Diben 29 mars 2025
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